La première fois que j’eus ce petit livre entre les mains, le « Traité des excitants modernes », ce devait être en 2012. J’étais alors âgé de 44 ans et j’avais réussi à enfin abandonner certains stimulants dont je vous parlerai très bientôt, quand j’évoquerai un autre ouvrage qui m’a terriblement inspiré.
Mais revenons à ce cher Honoré ! Balzac est mort jeune (51 ans), buvait beaucoup de café et dormait pas ou peu. Je me reconnais dans ces derniers mots : « buveur de café et insomniaque » ! Quand j’écris, je bois café sur café, avec même, de temps un autre, un nuage de lait pour faire genre…
Balzac nous parle, dans son « Traité des excitants modernes » de cinq substances qui, à son époque, n’avaient pas encore tout à fait inondé les moindres recoins de chaque continent : l’alcool, le sucre, le thé, le café et le tabac. Admettons quand même que, aujourd’hui, ces produits alimentent la logorrhée publique avec une redoutable efficacité !
Balzac aborde ici le sujet des expériences humaines et esquisse, ainsi, en filigrane, le rôle de la science sur le vivant. Question historique quand on sait qu’en 331 av. J.-C., Hérophile, le père de l’anatomie, le premier à avoir décrit les glandes salivaires et découvert nerf optique, rétine et cataracte, a disséqué 600 prisonniers vivants. Ah ! ces expériences qui font avancer le savoir médical !
Des siècles plus tard, Diderot se positionna en faveur de ces pratiques – que nous jugerions barbares au vingt-et-unième siècle – les estimant sûrement nécessaires afin de satisfaire les besoins de la science. Ah ! la science ! Après tout, s’il fallait en sacrifier quelques-uns pour en sauver des milliers ? Des millions, même ?
Dans son « Traité des excitants modernes », Balzac fait aussi le lien entre dérives économiques – on y est, non ? –, habitudes alimentaires – tiens, tiens… ça ne vous rappelle rien ? – et orientations politiques, alors qu’en 1838, les œufs étaient loin d’avoir un code-barre. Ah ! le code-barre !
Alors, reconnaissons à notre cher et regretté Balzac d’avoir compris que ces cinq substances – l’alcool, le sucre, le thé, le café et le tabac – allaient, deux siècles après, rendre les humains dépendants et horriblement agressifs. Aussi bien pour remporter des batailles que des guerres commerciales !
Si vous n’avez jamais lu ce Traité qui, initialement, faisait office de préambule dans « Physiologie du goût » du gastronome Brillat-Savarin, en 1825, je vous conseille de vous jeter dessus ! C’est facile et rapide à lire… et considérablement moderne !