Pour ceux qui viennent de temps à autre flâner sur mon blog, vous savez que je suis particulièrement attiré par ceux dont le destin a été flamboyant, destructeur, et, souvent, les deux à la fois !
Steve Tesich, d’origine yougoslave et dont les prénom et nom étaient, avant l’arrivée de sa famille aux États-Unis, Stojan Tesic, ne déroge pas à ma règle interne. Né en 1942, il s’éteindra en 1996, et son chef-d’œuvre posthume, « Karoo », sera publié deux ans plus tard, en 1998. La légende raconte qu’il en avait terminé la rédaction deux ou trois jours avant sa mort. Je n’y étais pas, je ne peux pas vous le confirmer ici. En tout cas, une chose est sûre : Steve Tesich n’était plus de ce monde quand cette odyssée moderne nous a été offerte à la lecture !
En revanche, ce que je peux vous confirmer, c’est que ce roman est génial ! Pow, pow, pow ! Attendez-vous à prendre une claque, voire plusieurs, car on se rend bien compte que Steve Tesich n’était pas qu’un écrivain. Il était aussi dramaturge et scénariste. Et ça change tout.
La première scène du livre nous présente le personnage principal, Saul Karoo, qui a découvert, trois mois plus tôt, que l’alcool, même à des doses incommensurables, ne lui fait plus rien. Un mec déjanté, quoi ! Un gars cynique et tordu comme je les aime… dans la littérature, hein !
Son métier, à ce Saul Karoo, surnommé Doc, est script doctor pour Hollywood. Il lit les scénarios des autres, en enlève de grandes parties et, en les modifiant en profondeur, il croit les sauver d’un probable marasme économique. Il y a là un parallèle entre le soi-disant contrôle que Doc opère sur les films des autres, et sa propre vie, imbibée d’un alcool néfaste, en plus d’être évidée de toute intimité depuis sa séparation avec sa femme.
Et puis, un jour, Saul Karoo visionne un film qui va lui faire prendre conscience que, peut-être, il est encore capable de faire le bien autour de lui. Enfin, façon de parler… car, avant de pouvoir se racheter – le pourra-t-il vraiment, d’ailleurs ? –, il y a automatiquement sa chute vertigineuse, à ce cinquantenaire qui va perdre beaucoup, énormément…
Je ne vous en dis pas plus au risque de spoiler le déroulé de l’intrigue de ce «Karoo » que je vous recommande chaudement.
C’est un livre coup-de-poing ! C’est tragique, corrosif, impudique, saisissant de vérité. Merci à vous, Monsieur Steve Tesich, pour cet ouvrage iconoclaste.
« Karoo » de Steve Tesich, aux Éditions Points (traduit de l’anglais par Anne Wicke)